Rencontre avec Diana Lambelet, référente pédagogique du cycle Santé, Sécurité et Environnement de l’ECEMA.
Diana, qu’apporte selon toi une formation SSE de nos jours ?
Le service SSE est un service support indispensable à toute activité industrielle. Nous vivons actuellement un tournant important dans nos sociétés et les modèles de développement des entreprises doivent prendre en considération les pressions environnementales et les attentes des parties intéressées. Tout type d’activité économique est de plus en plus attentive à la gestion efficace les risques environnementaux et professionnels. Les investisseurs, les assurances, les clients, etc. sont davantage exigeants à la mise en place de mesures de précaution, de prévention et de maitrise liés aux risques identifiés.
En plus des exigences de base, les entreprises sont intéressées de se différencier par rapport aux concurrents, par exemple, par l’obtention de certifications et de labellisations.
Au vue de ces attentes du marché en mutation, nous formons des futurs cadres capables de garantir à l’entreprise le respect de la réglementation sur les conditions du travail et le respect de l’environnement. Le Manager SSE assure l’efficacité de la politique Sécurité-Environnement en entreprise et il est force de proposition auprès de sa direction en pilotant des projets éco-innovants. Il apporte ses compétences en matière de prévention des risques professionnels et industriels. Il est le garant d’une amélioration continue des performances environnementales et durables du site.
Quel rôle joue un responsable SSE dans un contexte de crise tel que celui du Covid-19 par exemple ?
Le service SSE a été au cœur de la gestion de la crise sanitaire au sein des entreprises. Dans un premier temps il a fallu gérer l’approche préventive. Notons que, conformément à l’article L.4121-1 du Code du Travail, « l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. Ces mesures comprennent des actions de prévention, des actions d’information et de formation et la mise en place d’une organisation et de moyens adaptés ». Dans le cadre du COVID-19, le ministère du travail rappelle qu’il incombe à l’entreprise de :
- Procéder à l’évaluation des risques professionnels
- Déterminer, en fonction de cette évaluation, les mesures de prévention les plus pertinentes
- Tenir compte de l’évolution de la crise pour adapter les mesures et tendre à l’amélioration des situations existantes
- Respecter et faire respecter les recommandations des autorités sanitaires.
Pour y parvenir, l’expertise du responsable SSE est fondamentale. Celui-ci est formé à l’évaluation des risques de toute nature et à la gestion des crises et des situations complexes vis-à-vis de la sécurité des personnes, des biens et de l’environnement. Il possède également une vision globale de la réglementation santé-sécurité-environnement lui permettant ainsi de conseiller la direction quant aux mesures les plus adaptées à prendre.
Concrètement, en réponse aux attentes du Ministère du Travail, le Responsable SSE a dû répondre aux certains nombre d’urgences, en fonction de la spécificité de l’entreprise :
- Organiser le travail afin de limiter le nombre de personnes présentes simultanément sur le lieu de travail ou dans un même local (horaires décalés etc.),
- Favoriser la communication par courrier électronique, téléphone, audioconférence ou visioconférence,
- Afficher des consignes générales d’hygiène,
- Mettre à disposition des solutions hydroalcooliques dans la mesure du possible à l’entrée des bâtiments recevant du public et distribuer des masques,
- Organiser la restauration d’entreprise en élargissant la plage horaire d’ouverture, en laissant plus d’un mètre de distance entre les places à table ou en mettant en place des alternatives à la restauration collective etc.
Face à la COVID-19, le passage de l’activité économique en mode “pandémie” est devenu la réalité de nombreuses entreprises. Les nouvelles mesures organisationnelles adoptées devaient être transmises au personnel concerné, comme par exemple, les modifications sur les instructions de nettoyage des locaux de travail ou la gestion des déchets. Pour ce faire, le responsable SSE doit s’appuyer sur différents outils de communication interne (affichage, e-mail, visioconférence, réseau interne, réunions sécurité…) et il doit veiller à transmettre un message pertinent, compréhensible et transparent.
Il faut également souligner que le Responsable SSE est le garant d’une bonne reprise des activités après la période de confinement, dans le cas où elles ont été arrêtées partiellement ou totalement. Il est impératif d’accompagner cette reprise d’une mise à jour de la formation à la sécurité, adaptée au contexte post-pandémie. La formation sécurité modifiée doit être adressée au personnel déjà en poste tout comme aux nouveaux arrivants.
Quel est l’avenir de la SSE en termes d’entreprises et de métiers ?
Le marché de l’emploi est particulièrement porteur dans le secteur de l’environnement, de la santé et de la sécurité des employés (entreprises industrielles, agricoles et du BTP, mais aussi hôpitaux et entreprises de transport) et dans celui des organismes de contrôle. De nouveaux besoins voient également le jour, comme l’étude et la réduction de l’impact sonore dans le cadre des activités professionnelles.
Il faut également souligner que les métiers SSE s’inscrivent dans une démarche globale du Développement Durable avec des engagements de plus en plus importants, au vue des défis et des enjeux planétaires. Le secteur de l’environnement et du développement durable n’a jamais autant recruté et devrait poursuivre sur cette dynamique dans les années à venir. D’après les statistiques du ministère de la transition écologie et solidaire, 136 000 emplois sont directement liés à la protection de l’environnement et la valorisation du développement durable. Par ailleurs, on compte près de 4 millions d’emplois « verdissants », c’est-à-dire tous les métiers qui s’exercent dans d’autres secteurs de l’économie (bâtiment, santé, assurances, transports, marketing, tourisme, énergie, chimie, industrie…) mais qui font appel à des compétences spécifiques en matière de la SSE/RSE.
Selon l’étude du cabinet de conseil Roland BERGER et le « Référentiel des métiers cadres de l’APEC », nous pouvons citer quelques activités émergeantes du secteur SSE en plein développement :
- Chargé étude environnement
- Responsable Environnement / Energie
- Risk Manager
- Directeur Pôle Santé-Sécurité-Environnement
- Consultant en Développement Durable /RSE
- Chef de projet éolien
- Expert Judiciaire en matière de pollutions
- Manager projets éco-innovants
- Responsable de centre de service éco-industries
- Responsable plan de gestion des déchets
- Responsable national sites et sols pollués
- Chargé d’affaires environnement.
Hormis la mutation du marché et l’émergence de nouveaux métiers liées à la SSE , il faut également souligner que comme la génération Y, les cadres de la SSE/RSE cherchent aussi à trouver du sens dans leur travail : 66% estiment que ce sont les valeurs et le sens de leur emploi qui les motivent le plus au quotidien. 26% déclarent que c’est la sensation d’être utile à la société qui leur plait le plus dans le travail, derrière la diversité du métier (42%). Au niveau des avancées sociales, les cadres de la SSE/RSE sont aussi à l’avant garde puisque l’égalité hommes-femmes y est beaucoup plus forte que sur le reste du marché. Les cadres de la SSE/RSE sont donc d’une certaine façon les représentants du modèle qu’ils défendent dans leurs entreprises : toujours en avance et en mutation, fidèles, positifs et ancrés sur les valeurs du bien être et de l’intérêt général.
Qu’est-ce que la formation SSE de l’ECEMA a de plus que les autres ?
Il m’est difficile de statuer sur toutes les différences essentielles de notre formation à l’ECEMA par rapport aux écoles concurrentes. En revanche, je suis en mesure d’apprécier le niveau d’exigence de nos prestations, la richesse et la technicité de nos formations, le niveau de qualification et d’expertise du corps pédagogique, ainsi que la complexité des épreuves de validation des compétences de nos alternants. Sans oublier, et je tiens à souligner, l’engagement humain et la qualité des relations entre la Direction, les référents, les services de l’école et les alternants. Nous formons une grande famille, et l’engagement de l’école porte non seulement sur la formation des cadres compétents et opérationnels, mais aussi, sur un épanouissement et un bien-être de nos alternants tout au long de leur cursus.
Diana, un dernier mot pour nos lecteurs ?
Cette année académique a été une année très riche, intense avec des projets extraordinaires générés lors du « Challenge de créativité » ou du « Cas d’entreprise » ou encore, et je tiens tout particulièrement à souligner les projets des Ms2 sur le « Tri de déchets à l’ECEMA » qui sera déployé dans les jours qui viennent au sein de l’établissement. Je félicite tous les alternants pour la qualité de leurs préconisations et leur implication. Cela prouve, une fois de plus, que les nouvelles générations sont de plus en plus exigeantes et attentives aux problèmes de l’environnement et du développement durable. Faisons chacun notre part…
En parallèle, cette année académique est inédite, au vue de la pandémie et des circonstances auxquelles nous avons dû faire face afin que nos alternants puissent continuer leur formation et passer les épreuves. La direction, ainsi que tous les services, les intervenants ont fait preuve d’une réactivité exemplaire et les alternants d’une force d’adaptation impressionnante.
Bravo à toutes et à tous !